Revue de presse : L'Union du 19 09 2010
Exposition signée Claude Boyer à la maison Clémangis
L'aquarelliste des rivières
Publié le dimanche 19 septembre 2010 à 11H00
Claude Boyer, amoureux des rivières de Champagne.
«C 'EST ma maîtresse. Il n'y a qu'elle que ma femme m'autorise à aller dans son lit ».
Sa maîtresse, c'est la rivière. Et c'est le lit de cette rivière
qu'évoque Claude Boyer, jeune aquarelliste pétillant qui dans la palette
plurielle des traits de sa personnalité, manie avec un égal bonheur le
verbe et le pinceau.
Jeune aquarelliste oui, dans le cœur et dans la
connaissance de son art. Car si aux âmes bien nées, la valeur n'attend
pas le nombre des années, Claude aura patienté sept décennies de sa vie
pour se découvrir un talent.
Au détour d'une vallée
Un talent
pourtant mature, aujourd'hui exposé et que les visiteurs de la maison
Clémangis pourront découvrir jusqu'au 26 septembre.
Découvrir et
apprécier à plus d'un titre. Dans la rencontre d'une part avec le
peintre lui-même : pas si évident que cela tant, dans une exposition, on
peut être uniquement séduit par l'œuvre quand l'auteur nous laisse
indifférent. Dans la rencontre à l'inverse avec l'homme exclusivement,
alors qu'on peut se moquer de ses tableaux.
Avec Claude on apprécie
les deux : le barbu sympa, qui sait être espiègle sans cesser d'analyser
celui qu'il fait sourire, et l'aquarelliste aux pastels personnels et
touchants, à l'œuvre fine et exquise. Et s'il est permis du reste de se
demander comment des bras septuagénaires aux veines saillantes peuvent
se prolonger par des doigts tellement habiles qu'on les croirait
féminins, eh bien on arrive à cette réponse : les années ont ridé la
peau de Claude, pas son âme.
La rivière est la muse de cet
aquarelliste surtout quand cette rivière s'appelle Aube. Le natif de
Brienne-le-Château en a suivi les méandres durant 248 kilomètres,
s'arrêtant au hasard ou sur un coup de cœur quand par exemple lui
semblait plus beau ce soleil qui filtrait des feuillages au-dessus de
l'onde. Chez Claude, l'inspiration se fait au détour d'une vallée, là
près d'une arche, ailleurs face à un moulin.
Eaux courantes et eaux dormantes
A chaque halte une aquarelle. A chaque aquarelle une histoire comme ici
aux environs de Préfontaines, où se découvrent des lieux secrets et qui
se méritent : « En récompense, on découvre, en regardant vers l'amont,
un ballet de branches aux formes harmonieuses, en un spectacle féerique,
surtout si on a la chance, ou tout simplement le désir, d'y voir des
jeux de lumières exceptionnellement allumées ».
Claude est à la fois
un ancien du lycée de Châlons et un ancien ingénieur de l'Ecole des
arts et Métiers de la ville préfecture. A Clémangis, le visiteur pourra
découvrir une centaine d'aquarelles dont certaines – promis juré craché -
sont locales dans une expo intitulée « Les eaux courantes et dormantes
de Champagne-Ardenne et d'ailleurs ».
Ah au fait, comment est venue
cette belle idée de prendre un jour le pinceau ? « C'est arrivé comme ça
» hausse les épaules l'aquarelliste qui précise toutefois : « Je savais
dessiner, mais pas colorier ». De fait, ce sont des cours pris avec son
épouse Françoise, sous la houlette d'une pédagogue qu'il aime à citer,
Annie Pincault, qui ont poussé le peintre à persévérer : « Elle nous a
transformés », dit-il. Mais sans doute qu'en ce qui concerne Claude,
serait-il plus précis de dire : « Elle m'a révélé… »
Fabrice MINUEL
Exposition jusqu'au 26 septembre de 14 à 19 heures, à la maison Clémangis. Entrée libre.
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