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Les 121
sculptures en bronze du «cercle d’eau» pillées et saccagées
PUBLIÉ LE
24/11/2014
sur le site www.fontesdart.org
Par
Céline
Tillier
Barrage-réservoir
Aube - Lac Amance –
Dans l’indifférence générale, la plus grande
installation monumentale du monde en bronze est pillée, saccagée et laissée à
l’abandon.
Sur les
digues du barrage-réservoir qui borde le lac Amance, il fut un temps où les
promeneurs pouvaient admirer la plus grande œuvre du monde en bronze. Un cercle
d’eau et 121 sculptures scellées sur la roche.
C’était
avant le scandale d’un pillage orchestré dans la plus parfaite indifférence.
L’histoire
remonte à 1993, lorsque deux sculpteurs, Sylvia Lacaisse et Patrice Alexandre,
lèvent le voile sur une réalisation magistrale, de près d’un million d’euros.
« La mémoire
de l’eau présente sur le rivage est
représentée
par les poissons monumentaux, la fontaine permet à l’eau de sortir de son lit
et rencontrer la
main du
visiteur pour replonger dans le canal de restitution en direction de la Seine
».
Des heures,
des mois d’un travail acharné dont tout le monde s’accorde à saluer la beauté.
Cinquante tonnes de bronze pour une réalisation hors du commun. Une œuvre d’art
qui aurait pu, qui aurait dû être préservée
de la
destruction organisée et parfois même commandée.
« Les
maîtres d’ouvrage, en l’occurrence l’Institution interdépartementale des barrages
de la Seine et la Ville de Paris, ne veulent plus entendre parler de l’œuvre.
C’était pourtant à eux de sécuriser le site »,
fulmine
Patrice Alexandre.
Morceaux par
morceaux, le cercle d’eau disparaît. Les premiers poissons sont volés en 1997
et depuis, les modules faits de bronze deviennent la proie des pilleurs que
personne n’interpelle jamais.
« Pour nous,
c’est dramatique », lance Sylvia Lacaisse devant ce qui faisait hier sa fierté,
« l’absence de réaction témoigne du
déni de
l’artiste et de son travail».
Opération
commandée
De plainte
en plainte, les artistes découvrent le pire au gré de leur passage sur le site.
«
L’institution a décidé de scier le garde-corps afin de retirer la rambarde
sculptée en se moquant des droits moraux. »
Certains
travaux que l’on dit de réfection sont réalisés à la hâte par lesreprésentants
de l’institution interdépartementale. Qu’importe les risques.
«
L’installation a été pensée avec une vitre en verre porteuse
rendant
l’ensemble stable sans étais. Lorsqu’ils se rendent compte que la vitre est
étoilée, ils utilisent une feuille de polycarbonate, ce qui a pour conséquence
de rendre le garde-corps très instable. »
Loin de se
rapprocher des auteurs, l’opération commandée de destruction de l’œuvre
continue :
« On ajoute trois
barres de soutien sans se soucier que cette modification porte atteinte au
travail effectué ». Ivres de rage, les artistes ne baissent pas les bras.
« Nous
étions prêts à faire des concessions pour que la pièce puisse
revivre,
mais toujours, nous nous sommes confrontés à l’arrogance de ceux qui ne veulent
rien entendre. »
Déterminés à
porter haut la valeur de leur travail, Patrice Alexandre et Sylvia Lacaisse ne
baisseront pas les bras. Malgré les années de procédure passées et celles à
venir. « On ne lâchera pas. Comment peut on imaginer qu’un artiste lâche prise
? »
Contactés
par nos soins, les représentants de l’Institution interdépartementale des
barrages de la Seine n’ont pas souhaité réagir.